J’ai décrit, dans les grandes lignes, la posture adoptée par l’adulte à l’École Holisée.
Dans cet article, je vais entrer dans le détail en précisant son rôle face aux différents besoins de l’enfant. Ces besoins sont directement tirés de la pyramide de Maslow. Même si leur hiérarchisation fait controverse, il n’empêche qu’ils entrent en compte dans l’épanouissement des individus et leur réalisation.
Vous comprendrez rapidement qu’il n’est jamais face à l’enfant, mais à côté de lui.
L’adulte a pensé et aménagé les divers espaces de l’école afin que l’enfant puisse répondre à ses besoins primaires de manière autonome. Ces multiples espaces associés à la liberté de circulation dans l’école permettent aux enfants de répondre spontanément à leurs besoins physiologiques.
Ils ont notamment accès aux toilettes, à la cuisine. Des fruits secs permettent à l’enfant de prendre une collation en attendant le déjeuner de 12h. Des espaces calmes et confortables sont accessibles en permanence pour permettre à ceux qui en ressentent le besoin de s’isoler, de se reposer. Une salle de motricité et un accès facilité vers l’extérieur dans un espace délimité toujours visible par l’adulte, permet également à ceux qui ont besoin de se dépenser de le faire spontanément.
La sécurité physique est assurée par les locaux, l’environnement, le matériel.
Le groupe multi-âge fait que les individus prennent soin les uns des autres. Toutefois, l’adulte ne s’interdit pas d’intervenir lorsqu’il juge une situation dangereuse. Il fait appel au bon sens comme le ferait un parent.
Pour la gestion des conflits entre enfants, il adopte une posture neutre et peut intervenir en tant que médiateur, au même titre que d’autres enfants médiateurs. Il écoute chaque enfant, les reconnaît dans ce qu’ils ressentent. Cette simple reconnaissance suffit souvent à désamorcer la situation émotionnelle aiguë, ce qui permet d’entrer dans la résolution du conflit. Il n’intervient pas pour juger personnellement les actes mais s’appuie sur les règles structurelles du groupe que tout le monde connaît. Il les fait appliquer. Si aucune règle ne permet de résoudre le conflit, il sera porté à la réunion afin que le groupe élabore une nouvelle règle. Dans notre lieu de vie, le conflit est source d’apprentissage. Tout comme l’erreur. Le fait d’aborder un conflit et d’élaborer de nouvelles règles permet une meilleure gestion relationnelle et apprend à l’enfant à mieux vivre avec les autres. Un outil pour la vie.
L’humain est un être social. Il a besoin de se sentir appartenir à un groupe, une communauté. L’École Holisée porte une importance particulière au besoin de faire groupe. Celui-ci, constitué des enfants et des adultes, se réunit quotidiennement lors de la réunion pour échanger, débattre, faire évoluer la structure, faire corps. C’est dans cet espace-temps que chaque individu prend la parole individuellement, est écouté, reconnu et participe à la vie collective. Des problèmes soulevés naîtront des propositions d’amélioration de la vie commune à travers l’élaboration de nouvelles règles.
Un autre moment en groupe est la réunion de présentation des productions. Chacun y expose ses réalisations : un texte, une peinture, une chorégraphie, un exposé, une pièce de théâtre qui suscitera l’intérêt de certains. Ceux-ci s’empareront peut-être de l’idée pour faire pareil, faire autrement, avec d’autres ou aller plus loin dans une recherche. De chaque présentation naîtra peut être un nouveau projet où convergeront des intérêts partagés, des passions communes. Et alors une nouvelle équipe se constituera.
Ce moment permet la reconnaissance individuelle de chaque individu pour ce qu’il est, pour ces compétences, pour ce qu’il apporte au groupe.
Le système de reconnaissance des compétences de chacun par les arbres de connaissances via l’outil Arbustes.net permet à chacun d’être reconnu pour son individualité et ses compétences spécifiques, ce qui vient nourrir l’estime de soi. Chacun possède ses domaines de prédilection et de facilité. Chaque enfant est reconnu pour cela.
“Seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin.”
~ Proverbe africain
Il n’y a pas de stigmatisation parce qu’un enfant ne saurait pas faire ceci ou cela mais il y a reconnaissance de sa richesse car il y en a toujours.
Nous nous appuyons notamment sur la théorie des “Intelligences multiples” d’Howard Gardner. Il met en évidence que tous les hommes sont intelligents, mais pas forcément de la même façon. Selon lui, chaque humain dispose à sa naissance d’un groupe d’intelligences, dont chacune se développera selon un rythme qui lui est propre.
L’adulte rend autonome
L’enfant ou le groupe vit et travaille pour lui et non pour obéir aux directives de l’adulte. Pour rendre l’enfant autonome, l’adulte doit le responsabiliser. Pour le responsabiliser, il doit accepter de ne pas tout contrôler. Il cherche donc à confier de plus en plus de responsabilités tout en s’assurant que l’enfant ou le groupe reste constamment serein et parvient à les assumer.
Ce n’est pas le groupe qui s’empare de plus en plus du pouvoir mais bien l’adulte qui confie de plus en plus de responsabilité au groupe, lorsqu’il le sent capable.
Un de nos préceptes est l’activité de l’enfant comme source d’apprentissage. Pour ce faire, l’adulte doit garder une posture permissive afin que les projets personnels puissent se réaliser. Sa non-directivité permet à l’enfant de “faire pour lui” et non pour répondre à une demande personnelle de l’adulte. Il fait confiance à l’enfant et à ses capacités d’apprentissages naturels. Il n’a pas d’attente, ce qui rend l’enfant souverain de ses activités. Dans le cas contraire, l’enfant ressent une certaine pression de la part de l’adulte engendrant du stress. Ce dernier est responsable de la libération de cortisol dans le cerveau, inhibiteur d’apprentissage.
L’adulte à l’écoute pour mieux proposer
L’adulte n’est toutefois pas neutre dans son intervention sur la structure matérielle de l’école. Il ne s’agit pas de placer les enfants dans un lieu inerte et d’attendre que les choses se passent d’elles-même. Nous souhaitons que les enfants proposent et réalisent des projets personnels, issus de leurs motivations intrinsèques. Ceci ne se fera que si la structure le permet. Elle doit disposer :
Au même titre que les autres membres du groupe, l’adulte est force de proposition. Ses connaissances lui permettront de proposer au groupe des idées de matériel à utiliser, d’activités à réaliser, de lieux à visiter ou d’intervenants à solliciter. Il proposera mais n’imposera pas ce qui ferait retomber le groupe dans le « je fais pour faire plaisir à l’adulte ».
Son action sur la structure matérielle de la classe peut se traduire par une évolution des ateliers permanents. Il aménage, enrichit, fait vivre, rend plus stimulant les ateliers selon les centres d’intérêt qu’il aura observé.
À certains moments, le professionnel peut juger nécessaire d’instaurer des activités dont la finalité ne peut être perçue par l’enfant. Celles-ci tendent toutefois à disparaître au profit de celles découlant des projets personnels des enfants.
À l’École Holisée, l’adulte est un repère structurant pour les enfants car il est garant des règles de vie et il est juste. C’est une personne ressource en cas de conflit et un facilitateur d’activité. Son objectif est de rendre les enfants autonomes et responsables, acteurs de leurs apprentissages, auto-déterminés. Il le fait dans un rétro-contrôle précis, en laissant les enfants prendre en charge ce qui est à leur portée et en assurant le reste.
Partager cet article :